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— Il n’y en a pas dans l’Odyssée. C’est un roman de mœurs, le premier qu’on ait écrit, et peut-être le plus beau. Nos auteurs à la mode n’inventeront rien de plus intéressant que l’histoire de ce propriétaire campagnard qui a quitté sa maison pour gagner de l’argent, qui revient après vingt ans d’absence, trouve une armée de faquins installés chez lui pour courtiser sa femme et manger son bien, et les tue à coups de flèches. Il y a là un drame intéressant, même pour le public des boulevards. Rien n’y manque, ni le bon serviteur Eumée, ni le chevrier qui trahit son maître, ni les servantes sages, ni les servantes folles que le jeune Télémaque est chargé de pendre au dénoûment. Le seul défaut de cette histoire, c’est qu’on nous l’a toujours traduite avec emphase. On a changé en autant de rois les jeunes rustauds qui assiégeaient Pénélope ; on a déguisé la ferme en palais, et l’on a mis de l’or partout. Si j’osais vous traduire seulement une page, vous seriez émerveillée de la vérité simple et familière du récit ; vous verriez avec quelle joie naïve le poëte parle du vin noir et de la viande succulente ; comme il admire les portes bien jointes et les planches bien rabotées ! Vous verriez surtout comme la nature est décrite avec exactitude, et vous retrouveriez dans mon livre la mer, le ciel et le jardin que voici.

— Essayons, dit Germaine. Quand je dormirai, vous le verrez bien. »