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s’attachent, de peur de tomber, à tout ce qui les entoure. Germaine retenait ses amis auprès d’elle ; elle craignait la solitude ; elle voulait être rassurée à toute heure ; elle disait à la comtesse : « N’est-ce pas, je vais mieux ? » Elle ajoutait tout bas : « Je ne mourrai pas ? » La comtesse répondait en riant : « Si la Mort venait pour vous prendre, je lui montrerais ma figure, et elle se sauverait bien loin. » La comtesse était fière de sa laideur, comme les autres femmes de leur beauté. La coquetterie se fourre partout.

Don Diego attendit patiemment que Germaine revînt à lui. Il était trop délicat et trop fier pour l’importuner de ses prévenances, mais il se tenait à sa portée, prêt à faire le premier pas aussitôt qu’elle l’appellerait du regard. Elle se fit bientôt une douce habitude du spectacle de cette amitié discrète et silencieuse. Le comte avait dans sa laideur quelque chose d’héroïque et de grand que les femmes apprécient plus que la gentillesse. Il n’était pas de ceux qui font des conquêtes, mais de ceux qui inspirent des passions. Sa longue figure basanée, ses grandes mains couleur de bronze, ressortaient avec un certain éclat sur son costume de coutil blanc. Ses grands yeux noirs laissaient échapper des éclairs de douceur et de bonté ; sa voix forte et métallique avait par moment des inflexions suaves. Germaine finit par trouver une