recettes de Locuste, de Lucrèce Borgia, de Catherine de Médicis et de la marquise de Brinvilliers ; il s’apitoya en riant sur ces beaux secrets perdus, pleura le poison foudroyant du jeune Britannicus, les gants parfumés de Jeanne d’Albret, la poudre de succession, et cette liqueur de ménage qui changeait le vin de Chypre en vin de Syracuse ; il n’oublia pas, chemin faisant, le bouquet fatal d’Adrienne Lecouvreur. Mme Chermidy remarqua que le jeune serrurier écoutait de toutes ses oreilles. « Parlez-nous des poisons modernes, dit-elle au docteur, des poisons qu’on emploie de nos jours, des poisons en activité de service !
— Hélas ! madame, dit-il, nous sommes tombés bien bas. Le difficile n’est pas de tuer les gens : un coup de pistolet ferait l’affaire. Il s’agit de les tuer sans laisser de trace. Le poison n’est pas bon à autre chose, et c’est là son seul avantage sur le pistolet. Malheureusement, à mesure qu’il s’invente un toxique nouveau, on découvre un moyen de constater sa présence. Le démon du bien a les ailes aussi longues que le génie du mal. L’arsenic est un bon ouvrier, mais l’appareil de Marsh est là pour contrôler l’ouvrage. La nicotine n’est pas une sotte invention, la strychnine est un produit recommandable ; mais M. le conseiller sait aussi bien que moi que la strychnine et la nicotine ont trouvé leurs maîtres ; en autres termes, leurs réactifs.