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coquin verra en moi sa dupe, et non pas sa complice. »

Mantoux servit à table, non sans avoir pris une bonne leçon de sa protectrice le Tas. Les convives étaient au nombre de quatre ; il y avait autant de domestiques pour changer les assiettes, et le serrurier n’eut qu’à regarder faire. Mme Chermidy s’était promis de lui donner, à tout événement, une leçon de toxicologie. Elle ne jugeait pas inutile de lui enseigner l’emploi des poisons, et elle avait choisi ses convives en conséquence. C’était un conseiller à la cour, un professeur de médecine légale, et M. de La Tour d’Embleuse.

Elle amena tout doucement le docteur sur le chapitre des poisons. Les hommes qui professent cette matière délicate sont généralement avares de leur science ; mais ils s’oublient quelquefois à table. Tel secret qu’on a soin de cacher au public peut se raconter en confidence lorsqu’on a pour auditoire un magistrat, un grand seigneur et une jolie femme cinq ou six fois millionnaire. Les domestiques ne comptent pas ; il est convenu qu’ils n’ont point d’oreilles.

Malheureusement pour Mme Chermidy, les poisons arrivèrent avant le vin de Champagne. Le docteur fut prudent, badina beaucoup et ne fit pas d’imprudence. Il se retrancha dans les curiosités archéologiques, raconta que la science des poisons n’était pas en progrès, que nous avions égaré les