portation. La sécurité publique y gagnera, et la prospérité de nos colonies n’y perdra point. Le bagne était l’école de tous les vices ; les transportés se moralisent par le travail.
— Tant pis ! Je regrette les forçats libérés. Cela faisait si bien dans les romans du cabinet de lecture ! Mais enfin, monsieur Domet, qu’est-ce que ces gens-là ? Que font-ils ? Que disent-ils ? Où demeurent-ils ? Comment sont-ils habillés ? Où les trouve-t-on ? À quoi peut-on les reconnaître ? Ont-ils encore des lettres dans le dos ?
— Quelques-uns ; les doyens de l’ordre. La marque a été supprimée en 1791, rétablie en 1806, et abolie définitivement par la loi du 28 avril 1832. Un forçat libéré ressemble de tout point à un honnête homme. Il s’habille comme il veut, et exerce la profession qu’il a apprise. Malheureusement, ils ont presque tous appris à voler.
— Mais il y a des braves gens dans le nombre ?
— Pas beaucoup. Songez à l’éducation du bagne ! D’ailleurs il leur est assez difficile de gagner honnêtement leur vie.
— Et pourquoi donc ?
— On sait leurs antécédents, et les patrons n’aiment pas à les prendre chez eux. Leurs camarades d’atelier les méprisent. S’ils ont de l’argent, et qu’ils s’établissent à leur compte, ils ne trouvent pas d’ouvriers.