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cle autour de lui pour le taquiner un peu et le tenir sur la sellette. On lui fit mille questions plus indiscrètes les unes que les autres ; on lui demanda la vérité sur le Masque de fer ; on le somma de nommer l’auteur véritable des Lettres de Junius, de s’expliquer sur l’anneau de Gygès, la conspiration des Poudres, le conseil des Dix, et de montrer à l’assemblée un ressort du gouvernement. Il répondit à tout gaiement, lestement, avec cette bonne humeur des vieillards qui est le fruit d’une vie tranquille. Mais il n’était pas tout à fait à l’aise, et il se démenait dans son fauteuil comme un poisson dans la poêle. Mme Chermidy, toujours bonne, vint à son secours et lui dit : « C’est moi qui vous ai livré aux philistins, il est juste que je vous délivre. Mais à une condition.

— J’accepte, les yeux fermés, madame.

— On dit que presque tous les crimes qui se commettent sont faits par des repris de justice, des forçats… libérés. Est-ce le mot ?

— Oui, madame.

— Eh bien, expliquez-nous ce que c’est qu’un forçat libéré. »

Le gracieux employé ôta ses lunettes, les essuya du coin de son mouchoir et les replaça sur son nez. Tout ce qui restait dans le salon se réunit autour de lui et s’apprêta à l’entendre. Le duc de La Tour d’Embleuse s’adossa au manteau de la cheminée,