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au service, ni rentes sur l’État, ni livret de la caisse d’épargne, et elle ne voulait rien pour elle. Plus vieille de dix ans que Mme Chermidy et obèse jusqu’à l’infirmité, elle était sûre de mourir avant sa maîtresse et de mourir chez elle : on ne chasse pas un serviteur qui pourrait emporter nos secrets. Au demeurant, le Tas n’avait ni ambition, ni cupidité, ni vanité personnelle ; elle vivait dans sa belle cousine ; elle était riche, brillante et triomphante dans la personne de Mme Chermidy. Ces deux femmes, étroitement unies par une amitié de quinze ans, formaient un seul individu. C’était une tête à double face, comme le masque des comédiens antiques. D’un côté elle souriait à l’amour, de l’autre elle grimaçait au crime. L’une se montrait parce qu’elle était belle, l’autre se cachait parce qu’elle aurait fait peur.

Mme Chermidy promit au duc de songer à son affaire. Le jour même, elle chercha avec le Tas quel domestique on pourrait bien envoyer à Corfou.

La jolie Arlésienne était bien décidée à arrêter en chemin la guérison de Germaine, mais elle avait trop de prudence pour rien entreprendre à ses risques et périls. Elle savait qu’un crime est toujours une maladresse, et sa position était trop belle pour qu’elle voulût la risquer sur un mauvais coup.

« Tu as raison, lui dit le Tas ; pas de crime,