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— Voulez-vous que je vous aide de mon côté ? Le Tas a toujours une demi-douzaine de valets dans sa manche : c’est un vrai bureau de placement.

— Si le Tas a quelque protégé à établir, je veux bien le prendre. Mais songez qu’il nous faut un homme sûr, un infirmier.

Le Tas doit avoir des infirmiers ; elle a de tout. »

Le Tas était la femme de chambre de Mme Chermidy. On ne la voyait jamais au salon, même par surprise ; mais les amis les plus intimes de la maison auraient été flattés de faire sa connaissance. C’était une soubrette du poids de 120 kilogrammes, compatriote et tant soit peu cousine de Mme Chermidy. Elle s’appelait Honorine Lavenaze, comme sa maîtresse ; aussi avait-on profité de sa difformité pour la surnommer le Tas. Ce phénomène vivant, ce monceau de chiffons tremblotants, ce pachyderme féminin avait suivi pendant quinze ans Mme Chermidy et sa fortune. Elle avait été la complice de ses progrès, la confidente de ses péchés, la recéleuse de ses millions. Assise au coin du feu, comme un monstre familier, elle lisait dans les cartes l’avenir de sa maîtresse ; elle lui promettait la royauté de Paris, comme une sorcière de Shakspeare ; elle relevait son courage, consolait ses chagrins, lui arrachait ses cheveux blancs, et la servait avec une dévotion canine. Elle n’avait rien gagné