gneur, vous enverra le plan du château et du jardin. J’ai pris sur moi de lui demander cette grâce ; il fallait bien que cela fût pour vous. En attendant, contentez-vous de savoir que nous habitons une ruine des plus pittoresques. De loin, la maison ressemble à une vieille église démolie sous la Révolution. Je ne voulais pas croire qu’on pût se loger là dedans. On arrive au perron par cinq ou six escaliers praticables aux voitures, avec un pavé inégal et des rampes tant soit peu ébréchées. Tout cela tient ensemble par la force de l’habitude, car il y a beau temps que le ciment n’y est plus. Les giroflées et les plantes grimpantes se glissent dans toutes les crevasses, et le chemin sent bon comme un jardin. La maison est au milieu des arbres, à un quart d’heure du village le plus prochain. Je ne sais pas encore bien précisément de combien d’étages elle se compose ; les chambres ne sont pas toutes les unes sur les autres ; on dirait que le second a glissé jusqu’au rez-de-chaussée dans un tremblement de terre. D’un côté, on entre de plain-pied ; de l’autre, on descend en casse-cou. C’est dans ce tohu-bohu qu’il faut chercher votre fille, ma chère maman. Je m’y cherche quelquefois moi-même, et je ne m’y trouve pas toujours.
Nous avons au moins vingt chambres inutiles et une magnifique salle de billard où les hirondelles font leurs nids. J’ai fait laisser en paix les nids