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mourir loin de vous, sans que vos chères mains fussent là pour me fermer les yeux. Au reste, les soins ne m’ont pas manqué. Si j’avais succombé, comme le docteur s’y attendait un peu, vous auriez eu une consolation. Le plus triste, lorsqu’on apprend de loin la mort de ceux qu’on aime, c’est de penser qu’ils n’ont pas été soignés comme il le fallait. Quant à moi, rien ne me manque, et tout le monde est bon pour moi, même M. de Villanera. Vous vous direz cela, ma chère maman, s’il m’arrive quelque malheur.

Peut-être aussi l’amitié et la compassion de ceux qui m’entourent ont-elles contribué un peu à me rattacher à la vie. Le jour où j’ai pris congé de vous et de mon père, j’ai dit adieu à tout. Je ne savais pas que j’emmenais avec moi une véritable famille. Le docteur est parfait ; il me traite comme s’il espérait me guérir. Mme de Villanera (la vraie) est une autre vous-même. Le marquis est un excellent petit homme ; le vieux Gil a été plein d’attention. Je n’ai pas voulu attrister tous ces gens-là par le spectacle de mon agonie, et voilà comment je me suis tirée d’affaire. Tant pis pour ceux qui comptaient sur ma mort ; ils ont bien le temps d’attendre.

Vous m’avez recommandé de vous décrire notre maison, pour que votre pensée sache où me trouver lorsqu’il lui plaît de me faire une visite. M. de Villanera, qui dessine très-bien pour un grand sei-