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GERMAINE À SA MÈRE


Villa Dandolo, 7 mai 1853.


Ma chère maman,

Le vieux Gil qui vous remettra cette lettre vous dira comme on est bien ici. Ce n’est pas à Corfou qu’il a pris les fièvres ; c’est dans la campagne de Rome. Ainsi donc, n’ayez point de souci.

J’ai été assez malade depuis ma dernière lettre, mais ma seconde mère a dû vous dire que j’allais beaucoup mieux. M. de Villanera vous a peut-être écrit aussi ; je ne lui demande pas compte de ses actions. Moi, je suis bien assez forte depuis quelque temps pour noircir quatre pages de papier, mais croiriez-vous que le temps me manque ? Je passe ma vie à respirer ; c’est une occupation bien agréable, qui me prend dix ou douze heures par jour.

Pendant cette crise que j’ai traversée, j’ai beaucoup souffert. Je ne me souviens pas d’avoir eu aussi mal à Paris. Croyez que bien des gens, à ma place, auraient souhaité la mort. Cependant je me suis cramponnée à la vie avec une obstination incroyable. Comme on change ! Et d’où vient que je ne vois plus les choses du même œil ?

C’est sans doute parce qu’il eût été trop triste de