Page:About - Germaine.djvu/146

Cette page a été validée par deux contributeurs.

perdait. L’absence qui fortifie les passions honnêtes, tue en un rien de temps celles qui ne subsistaient que par l’habitude du plaisir.

Peut-être aussi notre Germaine se laissera-t-elle gagner à la contagion de l’amour. Jusqu’à présent, elle n’aime que moi de toute la famille. Je ne parle pas du petit marquis : vous savez qu’elle l’a adopté dès le premier jour. Mais elle témoigne à mon pauvre fils une indifférence qui ressemble bien à la haine. Elle ne le maltraite plus comme autrefois, et elle subit ses soins avec une sorte de résignation. Elle souffre sa présence, elle ne s’étonne plus de le voir auprès d’elle, elle s’accoutume à lui. Mais il ne faut pas de bien bons yeux pour lire sur son visage une sourde impatience, une haine domptée qui se révolte par instants, peut-être même le mépris d’une honnête enfant pour un homme qui a fait des fautes. Hélas, ma pauvre amie ! l’indulgence est une vertu de notre âge ; les jeunes ne la pratiquent pas. Cependant je dois reconnaître que Germaine dissimule avec soin ses petits ressentiments. Sa politesse avec don Diego est irréprochable. Elle cause avec lui des heures entières sans se plaindre de la fatigue ; elle l’écoute parler ; elle répond quelquefois ; elle accueille ses tendresses avec une douceur froide et résignée. Un homme moins délicat ne s’apercevrait pas qu’il est haï : mon fils le sait et pardonne. Il me disait hier :