Page:About - Germaine.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Si j’étais de lui, j’aimerais mieux laisser le petit appartement vacant que de garder des personnes qui font tache dans l’hôtel.

— Es-tu bête ! Pour qu’on ramasse sur le pavé le duc de La Tour d’Embleuse et sa famille ? Ces misères-là, vois-tu, c’est comme les plaies du faubourg : nous avons tous intérêt à les cacher.

— Tiens ! dit le marmiton, je m’en moque pas mal ! Pourquoi qu’ils ne travaillent pas ? Les ducs sont des hommes comme les autres.

— Garçon ! reprit gravement le maître d’hôtel, tu dis des choses incohérentes. La preuve qu’ils ne sont pas des hommes comme les autres, c’est que moi, ton supérieur, je ne serai pas seulement baron pendant une heure de ma vie. D’ailleurs la duchesse est une femme sublime, et elle fait des choses dont ni toi ni moi ne serions capables. Mangerais-tu du bouilli pendant un an à tous tes repas ?

— Dame ! ça n’est pas amusant, le bouilli !

— Eh bien ! la duchesse met le pot-au-feu tous les deux jours, parce que son mari n’aime pas la soupe maigre. Monsieur dîne d’un bon tapioca au gras, avec un bifteck ou une paire de côtelettes, et la pauvre sainte femme avale jusqu’au dernier morceau de gîte qui se bouillit dans la maison. Est-ce beau, cela ? »

Le marmiton fut touché dans l’âme. « Mon bon monsieur Tournoy, dit-il au maître d’hôtel, c’est des