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« Monsieur le duc, les femmes parmi lesquelles vous me faites l’injustice de me ranger valent d’autant plus cher qu’elles sont plus riches. J’ai hérité de quatre millions ; j’en ai bien gagné trois autres, dans les affaires, et ma fortune est si liquide que je pourrais la réaliser sans perte en un mois. Vous voyez qu’il y a peu de femmes en France qui aient le droit de se mettre à plus haut prix. Cela vous prouve aussi que j’ai le moyen de me donner pour rien. Si je vous aime assez, et cela viendra peut-être, l’argent ne sera rien entre nous. L’homme à qui je donnerai mon cœur aura le reste par-dessus le marché. »

Le duc tombait de haut : il porta rudement contre terre. Il était aussi malheureux de garder son million, qu’il avait été content de le recevoir. Mme Chermidy parut avoir pitié de lui. « Grand enfant, lui dit-elle, ne pleurez pas. J’ai commencé par vous dire que j’acceptais. Mais prenez garde à vous ; je vais faire mes conditions. »

M. de La Tour d’Embleuse sourit comme un mourant qui voit le ciel s’ouvrir.

« C’est moi qui vous ai enrichi, lui dit-elle. Je vous connaissais de longue date ; au moins, je connaissais votre réputation. Vous avez mangé votre bien avec une grandeur digne des temps héroïques. Vous êtes le dernier représentant de la vraie noblesse, dans cet âge dégénéré. Aussi êtes-vous,