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trouva plaisant de lui reprendre le million qu’on lui avait donné, sauf à le lui rendre après la mort de sa fille. C’était une fiche de consolation qu’elle s’adjugeait en cas de malheur.

Le difficile n’était pas de se faire donner une inscription de rentes. Le duc se mettait tous les jours à ses pieds avec tout ce qu’il possédait. Il était d’un sang et d’un caractère à se ruiner sans le dire, et à vaincre sans sonner la victoire. Un homme bien né ne compromet pas une femme, l’eût-elle dépouillé de tout. Mais Mme Chermidy pensait qu’il serait plus digne d’elle de prendre un million sans rien donner en échange, et tout en gardant sa supériorité sur le donateur.

Un jour que le vieillard délirait à ses genoux et renouvelait pour la centième fois l’offre de sa fortune, elle le prit au mot et lui dit : « J’accepte, monsieur le duc. »

M. de La Tour d’Embleuse perdit la tête comme un aéronaute novice lorsqu’on vient de couper la corde du ballon, il se crut au septième ciel. La dame arrêta doucement ses transports et lui dit :

« Quand vous m’aurez donné un million, croirez-vous m’avoir payée ? »

Il protesta du contraire ; mais ses yeux disaient avec quelque raison que, du moment où la vertu se met en vente, un million n’est pas un mauvais prix.

Elle répondit à la pensée de son adversaire :