Page:About - Germaine.djvu/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vieil insensé aurait sacrifié toute sa fortune pour que Mme Chermidy lui manquât de respect.

Il sacrifia d’abord ce qu’un honnête vieillard a de plus cher au monde, la sainteté du nom paternel. Il emprunta à la duchesse les lettres de Germaine, sous prétexte de les relire, et la noble femme pleura de joie en confiant un si cher trésor à son mari. Il courut sans perdre de temps à la rue du Cirque, et il y fut reçu à bras ouverts. Ces lettres que la malade avait griffonnées de sa petite main tremblante, ces lettres où elle ne manquait pas de mettre quelques baisers pour sa mère dans un cadre mal dessiné au-dessous de la signature ; ces lettres que la duchesse avait mouillées de ses larmes, furent étalées, comme un jeu de cartes, sur une table de salon, entre un vieillard perdu et une femme perverse.

Mme Chermidy, déguisant sa haine sous un masque de compassion, chercha avidement quelques symptômes de mort au milieu des protestations de tendresse, et elle fut médiocrement satisfaite. L’odeur qui s’exhalait de cette correspondance n’était pas celle qui attire les corbeaux à la suite des armées. C’était comme le parfum d’une petite fleur chétive qui languit au souffle de l’hiver, mais qui s’épanouirait au soleil si la brise du midi venait écarter les nuages. La cruelle Arlésienne trouva que la main était encore bien ferme,