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voir au juste l’état de Germaine et le compte des jours qui lui restaient à vivre. M. de La Tour d’Embleuse lui confia un beau matin toutes les lettres du docteur Le Bris.

Cette lecture produisit en elle une telle révolution, qu’elle serait tombée malade si elle n’avait pas été plus forte que toutes les maladies. Elle se vit trahie par le docteur, par le comte et par la nature. Elle se représenta l’avenir le plus odieux que l’imagination d’une femme puisse concevoir. Une rivale de son choix lui enlevait son amant et son fils, sans crime, sans intrigue, sans calcul, avec l’appui de toutes les lois divines et humaines.

Cependant elle reprit courage en pensant que M. Le Bris avait voulu tromper la duchesse. Elle voulut voir les lettres de Germaine, et elle compta sur le duc pour satisfaire cette sinistre curiosité.

M. de La Tour d’Embleuse était en proie à une de ces passions finales qui achèvent le corps et l’âme des vieillards. Tous les vices qui le tiraillaient en sens divers, depuis un demi-siècle, avaient abdiqué au profit d’un seul amour. Lorsque les ingénieurs réunissent en un canal tous les ruisseaux dispersés dans la plaine, ils créent un fleuve assez puissant pour porter des navires.

Le baron de Sanglié, la duchesse et tous ceux qui s’intéressaient à lui étaient émerveillés du changement de ses mœurs. Il vivait aussi sobre-