de sa fortune. Artistes, écrivains, hommes d’affaires, hommes du monde, la servaient simultanément dans la mesure de leurs moyens. C’étaient autant d’employés qu’elle payait en espérances. Un agent de change de ses amis lui faisait pour 20 000 francs de reports tous les mois ; un peintre lui marchandait des tableaux, un spéculateur enrichi lui procurait des terrains. Services gratuits s’il en fut ; mais aucun ne se lassait de lui être utile, parce qu’aucun ne désespérait de lui être cher. Aux impatients qui la serraient de trop près, elle montrait sa maison : une maison de verre. Elle mettait ses moindres actions au grand jour, pour rassurer la susceptibilité de don Diego ; peut-être aussi pour opposer une barrière à ceux qui voudraient le prendre trop haut avec sa vertu.
Le duc profita des grandes entrées qui lui étaient offertes, et sa présence dans le salon de la rue du Cirque ne fut pas inutile à la réputation de Mme Chermidy. Elle arrêta certains bruits qui circulaient sur le mariage du comte ; elle prouva à quelques âmes crédules qu’il n’y avait jamais rien eu entre la petite dame et M. de Villanera. Comment supposer que Mme Chermidy inviterait le beau-père de son amant, et qu’il viendrait chez elle ?
Elle exploita cette nouvelle connaissance aussi habilement que les anciennes. Il lui importait de sa-