légance. « Enfin, dit-elle, me voici, plus seule que jamais, dans ce désœuvrement du cœur qui m’a déjà perdue une fois. Des consolations, je n’en ai pas ; des distractions, j’en trouverais assez ; mais je n’ai pas le cœur au plaisir. Je connais quelques hommes du monde ; ils viennent ici, tous les mardis soir, ressusciter l’esprit de conversation autour de mon feu. Je n’ose pas inviter M. le duc de La Tour d’Embleuse à ces réunions mélancoliques ; je serais trop humiliée et trop malheureuse de son refus. »
Certes, la cloche de Mme Chermidy sonnait moins juste que celle du docteur Le Bris ; mais le timbre en était si doux, que le duc se laissa tromper comme un enfant. Il plaignit la jolie femme, et promit de venir de temps en temps lui apporter des nouvelles de son fils.
Le salon de Mme Chermidy était, en effet, le rendez-vous d’un certain nombre d’hommes distingués. Elle savait les attirer et les retenir autour d’elle par un moyen moins héroïque que celui de Mme de Warens : elle s’en faisait aimer à moins de frais. Les uns connaissaient sa position, les autres croyaient à sa vertu ; tous étaient persuadés que son cœur était libre, et que le dernier possesseur, qu’il s’appelât Villanera ou Chermidy, avait laissé une succession ouverte. Elle usait du bénéfice de sa position pour exploiter tous ses admirateurs au profit