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du faubourg, et d’avoir relevé par la fortune un des plus beaux noms de l’Europe. Les mouvements moelleux, et la langueur mélancolique dont cet exorde fut accompagné persuadèrent le vieillard beaucoup mieux que les paroles, et il ne douta presque plus qu’il n’eût insulté sa bienfaitrice.

« Je comprends, reprit-elle, que vous n’ayez pas grande estime pour moi. Vous me plaindriez cependant, car vous avez une belle âme, si vous saviez l’histoire de ma vie. »

Elle avait cette pantomime expressive des habitants du midi, qui ajoute tant de vraisemblance aux plus gros mensonges. Ses yeux, ses mains, son petit pied remuant, parlaient en même temps que ses lèvres et semblaient déposer en faveur de sa véracité. Lorsqu’on l’avait entendue une fois, on était aussi fermement convaincu que si l’on avait ouvert une enquête et interrogé des témoins.

Elle raconta sa naissance bourgeoise dans une riche propriété de la Provence. Ses parents, gros manufacturiers, destinaient à un négociant leur fille et leur fortune. Mais l’amour, ce maître inflexible de la vie humaine, l’avait jetée aux bras d’un simple officier. Sa famille s’était retirée d’elle, jusqu’au moment où les brutalités de M. Chermidy l’avaient chassée de la maison conjugale. Pauvre Chermidy ! une femme a toujours beau jeu contre un mari qui est en Chine !