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Le pauvre duc avait été prévenu ; il savait sa dame par cœur, et M. Le Bris la lui avait dépeinte sous ses couleurs naturelles. Mais il se reprocha ce qu’il avait fait, et il vécut jusqu’au lendemain dans un étonnement qui n’était pas exempt de remords. On dit cependant qu’un homme averti en vaut deux.

Il fut exact au rendez-vous, et se trouva face à face avec une femme qui avait pleuré.

« Monsieur le duc, lui dit-elle, j’ai fait tout mon possible pour oublier les paroles cruelles par lesquelles vous m’avez abordée hier soir. Je ne suis pas encore bien remise, mais cela viendra : n’en parlons plus. »

Le duc voulut réitérer ses excuses ; il était dans une admiration profonde. Mme Chermidy avait employé sa matinée à faire une toilette irrésistible. Assurément elle paraissait encore plus belle que la veille au bal. Une femme est dans son boudoir comme un tableau dans son cadre. Elle profita du trouble où ses grâces avaient jeté M. de La Tour d’Embleuse, pour l’envelopper dans les plis d’une rhétorique irrésistible. Elle employa d’abord le respect timide qui convenait à une femme dans sa position. Elle témoigna une vénération exagérée pour l’illustre famille où elle avait introduit son fils ; elle s’attribua l’honneur d’avoir choisi les La Tour d’Embleuse entre vingt grandes maisons