Page:About - Germaine.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.

midy. Il s’assit familièrement auprès d’elle et lui dit :

« Madame, permettez-moi de vous présenter un de vos vieux admirateurs, le duc de La Tour d’Embleuse. J’ai déjà eu le plaisir de vous voir à Saint-Thomas d’Aquin. Nous sommes un peu de la même famille : alliés par les enfants. Permettez donc qu’en bon parent je vous tende la main gauche. »

Mme Chermidy, qui raisonnait avec la promptitude de l’éclair, comprit au premier mot la position qui lui était faite. Quelque réponse qu’elle imaginât, le duc avait le dessus. Au lieu d’accepter la main qu’il lui tendait, elle se leva par un mouvement de douleur et de dignité qui fit valoir toute la richesse de sa taille, et elle s’avança vers la porte sans retourner la tête, comme une reine outragée par le dernier de ses sujets.

Le vieillard fut pris au piège. Il courut à elle, et balbutia quelques paroles d’excuse. La belle Arlésienne jeta sur lui un regard si brillant, qu’il crut y voir glisser une larme. Elle lui dit à demi-voix, avec une émotion bien contenue ou bien jouée : « Monsieur le duc, vous ne savez pas, vous ne pouvez pas comprendre. Venez demain à deux heures ; je serai seule, nous causerons. »

Là-dessus elle s’éloigna, en femme qui ne veut plus rien entendre, et cinq minutes plus tard la voiture roulait sur le sable de la cour.