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apprendra la grande vie, l’art de manger proprement une fortune et l’art de plaire aux femmes, qui va se perdant tous les jours ? »

Le duc répondit en grommelant, comme un buveur réveillé mal à propos. Il cuvait en paix sa nouvelle fortune ; il ne se souciait pas de reprendre les habitudes gênantes que le monde impose à ses esclaves ; une paresse invincible l’enchaînait aux plaisirs faciles qui n’exigent aucuns frais de toilette, de décence ou d’intelligence. Il prétendit qu’il était bien, qu’il ne voulait rien de mieux, et que chacun prend son plaisir où il le trouve.

« Venez avec moi, reprit le baron, et je jure de vous faire trouver des divertissements plus dignes de vous. Ne craignez pas de perdre au change : on vit bien dans notre monde, et vous le savez mieux que personne. Vous ne supposez pas que je sois venu ici pour vous ramener dans votre ménage : je vous aurais envoyé un missionnaire. Que diable ! je suis un peu de votre école. Je ne méprise ni le vin, ni le jeu, ni l’amour ; mais je maintiendrai contre tout le monde et contre vous-même qu’un duc de La Tour d’Embleuse ne doit s’enivrer, se ruiner ou se damner que dans la compagnie de ses pairs ! »

C’est par des arguments de cette sorte que le vieillard se laissa convertir. Il revint, non pas à la vertu, la route était trop longue pour ses vieilles