petit jeune homme qui va à la Bourse. Il me tripotera quelque chose.
— C’est une idée, ça, monsieur Ferdinand, repartit le marmiton. Portez-lui donc mes quarante francs, quand vous irez. »
Le valet de chambre répondit d’un ton protecteur : « Est-il jeune ! Qu’est-ce qu’on peut faire à la Bourse avec quarante francs ?
— Allons, dit le jeune homme en étouffant un soupir, je les mettrai à la caisse d’épargne ! »
Le cocher partit d’un gros éclat de rire. Il frappa sur son estomac en criant : « Ma caisse d’épargne, à moi, la voici. C’est là que j’ai toujours placé mes fonds, et je m’en suis bien trouvé. Pas vrai, père Altroff ? »
Le père Altroff, suisse de profession, Alsacien de naissance, grand, vigoureux, ossu, pansu, large des épaules, énorme de la tête, et aussi rubicond qu’un jeune hippopotame, sourit du coin de l’œil et fit avec sa langue un petit bruit qui valait un long poème.
Le jardinier, fine fleur de Normand, fit sonner son argent dans sa main, et répondit à l’honorable préopinant : « Allais, marchais ! ce qu’on a bu, on ne l’a plus. Il n’est tel placement qu’une bonne cachette dans un vieux mur ou dans un arbre creux. Argent bien enfouie, les notaires ne la mangent point ! »