critique que l’âge lui avait apportée. Ajoutez les angoisses quotidiennes d’une mère qui attend le dernier soupir de sa fille. Mme de La Tour d’Embleuse souffrait autant et plus des douleurs de Germaine que des siennes. Lorsqu’elle fut séparée de sa chère malade, elle se remit peu à peu, et elle partagea moins péniblement des maux qu’elle ne voyait plus. L’imagination nous fait souffrir aussi bien que les sens, mais un malheur éloigné de nos yeux perd quelque chose de sa crudité. Si nous voyons écraser un homme dans la rue, nous éprouvons une douleur physique, comme si la voiture nous avait blessés nous-mêmes ; le récit de cet événement dans les Faits divers d’un journal nous effleure assez légèrement. La duchesse ne pouvait être ni heureuse ni tranquille, mais du moins elle échappa à l’action directe du danger sur son système nerveux. Elle ne fut jamais rassurée, mais elle ne vécut pas dans l’attente du dernier soupir de sa fille. Elle n’ouvrit jamais sans trembler une lettre d’Italie ; mais, dans l’intervalle de chaque courrier, elle eut des instants de répit. Aux vives angoisses qui la torturaient, succéda une douleur sourde, que l’accoutumance lui rendit familière. Elle éprouva le triste soulagement d’un malade qui est passé de l’état aigu à l’état chronique.
Un ami du jeune docteur lui donnait ses soins deux ou trois fois par semaine ; mais son vrai mé-