sin de changer de conversation, quand le jeune Anglais prit la parole.
« Moi, monsieur, dit-il, j’étais malade, il y a deux ans, comme la jeune dame que nous avons vue passer. Les médecins de Londres et de Paris m’avaient signé mon passe-port, et je cherchais un terrain. Je l’ai choisi aux îles Ioniennes, dans la partie méridionale de Corfou. Je m’y suis installé en attendant mon heure, et je m’y suis trouvé si bien que l’heure a passé. »
Le docteur prit la parole avec ce sans façon qui règne dans les tables d’hôte d’Italie : « Vous avez été phthisique, monsieur ?
— Au troisième degré, si toutefois la Faculté ne s’est pas moquée de moi. » Il cita les noms des médecins qui l’avaient traité et condamné. Il raconta comment il avait fini par se soigner lui-même, sans remèdes nouveaux, à la campagne, loin du bruit, dans l’attente de la mort, et sous le ciel de Corfou.
M. Le Bris lui demanda la permission de l’ausculter. Il s’y refusa avec une terreur comique. On lui avait conté l’histoire du médecin qui tua son malade pour savoir comment il avait guéri.
Une heure après, le comte était assis au chevet de Germaine. La malade avait la figure rouge, la parole haletante. « Venez ici, dit-elle à son mari. J’ai à vous parler sérieusement. Remarquez-vous que je