Page:About - Gaetana, 1862.djvu/90

Cette page a été validée par deux contributeurs.
84
GAËTANA.

LE COMTE.

Vous osez bien l’outrager, vous qui avez reçu de Dieu le privilège de la défendre[1] !

LE BARON.

Elle est à moi… je la traiterai comme il me plaira… Je suis le maître de la mépriser, de l’insulter, de la battre !

LE COMTE.

Et de l’assassiner comme la première ? Ah ! c’est ainsi !… Eh bien ! tu auras ce que tu demandes ! Mieux vaut détruire un vieillard odieux que de livrer Gaëtana aux tortures que tu lui prépares ! Dis-moi ton jour, ton heure, tes armes !


Scène X.

Les Mêmes, GAËTANA.
GAËTANA, éplorée.

Gabriel !

LE BARON, courant à elle.

Que venez-vous faire ici ?

LE COMTE.

Restez, Gaëtana ! Vous savez si je vous ai respectée, si j’ai refoulé dans mon cœur un sentiment qui m’étouffait. Eh bien ! je vous dis devant cet homme ce que je ne vous ai jamais dit : Je vous aime !… non pas d’un amour chaste et timide, patient et résigné comme hier, mais d’une passion sans mesure et sans frein ! « Qu’on vous surveille, je tromperai les espions ! qu’on vous enferme, je vous délivrerai. » Je jure de vous arracher des mains de ce vieillard et de vous emporter, cette nuit même, dans un pays où vous n’appartiendrez qu’à moi, votre amant[2] !

  1. Cette scène, la meilleure de la pièce, si je ne me trompe, est celle qu’un public jeune et éclairé a sifflée le plus outrageusement.
  2. Ici le public de l’Odéon a fait voir qu’il savait imiter les cris des animaux les plus divers.