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GAËTANA.

comte, c’est tour de bonne guerre, et votre honnête homme de père n’aurait pas trouvé celui-là !

LE COMTE.

Eh ! monsieur, laissez-vous tuer si le cœur vous en dit !

LE BARON.

Vous excuserez mon scepticisme ; mais quand j’ai quinze domestiques à la maison, je ne crois pas aux malfaiteurs.

LE COMTE.

Tant pis pour vous !

LE BARON.

Au moins me direz-vous par quel miracle ce complot tramé dans l’ombre est venu généreusement se dévoiler à vos yeux ?

LE COMTE.

Comment je le sais ?… Rien de plus simple : on est venu m’offrir votre vie !

LE BARON, vivement.

Arrêtez ! je vous crois. (Élevant la voix.) Mais maintenant j’ai le droit de vous demander pourquoi c’est à vous que les malfaiteurs de Naples vont offrir la vie du baron del Grido ? Vous êtes donc intéressé à ma mort ? Tout le monde sait donc qu’un de nous deux prend la place de l’autre ; et que deux hommes auprès d’une femme, c’est un de trop ?

LE COMTE.

Je n’ai ni pris ni sollicité la place de personne. Il est vrai que j’aime madame la baronne del Grido.

LE BARON, avec éclat.

Ah !

LE COMTE.

Mais je la respecte assez pour ne le lui avoir jamais dit. Si mes sentiments cachés se sont découverts à quelqu’un, je le regrette sincèrement, et j’espère que mon départ va tout réparer. (Il s’avance vers la porte du fond.)

LE BARON, lui lançant un gant sans l’atteindre.

Vous ne vous en irez pas sans relever mon gant !