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ACTE DEUXIÈME.

LE COMTE.

Je ne vous dois rien, monsieur, et si je vous devais quelque chose, cet accueil, dont j’ai fort bien compris l’ironie, me dégagerait de toute obligation. Si donc je m’obstine à vous rendre service, c’est pour l’acquit de ma conscience et la satisfaction de mon honneur.

LE BARON.

En vérité ! Eh bien ! monsieur, satisfaites votre honneur ! nous verrons ensuite à raccommoder le mien !

LE COMTE.

Contentez-vous, pour le moment, de défendre votre vie. Un homme capable de tout a formé le projet de vous assassiner. Je le crois brave, adroit et exercé à la pratique du crime. Il est d’autant plus à redouter, qu’il n’en veut pas à votre argent. Les craintes qui retiendraient un malfaiteur vulgaire n’ont point de prise sur lui. Le ressort qui le pousse en avant est plus fort que l’intérêt. Il ne guettera pas l’occasion, il la fera naître, et je ne doute pas que vous n’ayez bientôt affaire à lui. Changez donc vos serrures, ou doublez les verrous, ou demandez du renfort à la police. Voilà, monsieur, ce que je voulais vous dire, pour vous, avant de quitter Castellamare. Maintenant que vous êtes averti, j’ai l’honneur de vous saluer. (Il va pour sortir.)

LE BARON.

Oh ! pas encore ! Laissez-moi vous exprimer ma reconnaissance et surtout mon admiration !

LE COMTE.

Je n’ai nul besoin de vos compliments.

LE BARON.

Savez-vous que c’est admirablement inventé ? Je changerai mes serrures, je doublerai mes verroux, je mettrai garnison chez moi. Naturellement, les voleurs n’approcheront pas de la maison, et vous aurez la gloire de m’avoir sauvé. Naturellement aussi, je vous regarderai comme un bienfaiteur, et je conterai votre belle conduite à ma femme ; c’est le devoir d’un mari. Naturellement enfin, ma femme vous trouvera si magnanime, qu’elle ne pourra se défendre de vous adorer tout à fait. Ah ! monsieur le