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GAËTANA.

LE BARON.

Qui vous parle de compromettre les femmes ? Ai-je rien dit ? ai-je rien supposé ? ai-je fait planer l’ombre d’un doute sur une personne que je vous défends de juger ?

CAPRICANA.

À la bonne heure ! car enfin il y a cent lieues du désir à la possession. Un amoureux n’est pas un amant, et de ce qu’un joli garçon est venu tendre ses filets autour d’une jolie femme, il ne s’ensuit aucunement qu’elle se soit laissé prendre.

LE BARON, se contenant.

Sans doute, un amoureux ; un petit monsieur qui tend ses petits filets en faisant les yeux doux ; cela n’est ni dangereux ni même compromettant.

CAPRICANA.

Car enfin vous ne pouvez pas espérer que madame la baronne, jolie comme elle l’est, et mariée à vous, ne sera désirée de personne.

LE BARON, prenant le coffret.

Ainsi vous prétendez qu’on fait la cour à ma femme ?

CAPRICANA.

Moi, je ne prétends rien du tout !

LE BARON.

Vous m’avez dit qu’un homme avait osé s’éprendre de Gaëtana ! Qu’un insensé ne craignait pas de lui dire en face : Je vous aime ! Qu’un larron d’honneur était venu chez moi tendre ses pièges autour d’elle ! Qu’un infâme espérait me voler mon bien le plus précieux et me donner en risée à tout l’univers ! Vous l’avez dit ; et maintenant, son nom ? Je sais que ma femme est innocente, mais ce monsieur ne l’est pas, et j’ai le droit de savoir son nom ! Si vous m’aimez, si vous n’êtes pas mon ennemi, si vous ne voulez pas que je vous déteste et que je me venge de vous : son nom !

CAPRICANA.

Mon ami, vous vous emportez ! …