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GAËTANA.

LE BARON.

Qui vous a enseigné cette belle maxime ?

GAËTANA.

Ma conscience !

LE BARON, avec colère.

Peste ! votre conscience est « une gaillarde[1] ! » (Doucement.) Pardon ! je voulais vous dire avec amitié que je n’aurai jamais de secret pour vous, et que j’espère obtenir une douce réciprocité. Cela viendra bientôt. En attendant que vous m’aimiez assez pour tout me dire, ma chère enfant, gardez votre secret.

GAËTANA.

Demain je vous dirai pourquoi j’ai pleuré.

LE BARON, souriant.

« On ne fait pas crédit dans notre commerce[2] ; » soyez bonne et gentille ! Ce que vous voulez me dire demain, contez-le-moi tout de suite. Si vous vous obstinez dans ce méchant silence, je croirai qu’un homme vous a manqué de respect.

GAËTANA.

À quoi pensez-vous ? Quel homme parmi ceux que nous voyons serait capable d’insulter une femme ?

LE BARON.

On peut offenser une femme sans lui donner des soufflets. Par exemple, l’aveu d’un sentiment coupable est une offense plus sanglante que toutes les autres. La femme qui l’a subie une fois demeure déshonorée et couverte de honte jusqu’à ce qu’elle ait été vengée par son mari. Voilà des choses que vous n’avez pas apprises au couvent, mais que je dois vous enseigner pour votre gouverne. Tout homme qui vous parle d’amour vous offense. Tout homme qui vous serre la main en dansant, ou vous sourit avec tendresse, ou vous fait un présent, si minime qu’il soit, nous offense l’un et l’autre, et c’est à moi de le punir.

GAËTANA.

Je vous remercie de m’instruire, monsieur, et je me conduirai

  1. Coupé à la représentation.
  2. Idem.