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GAËTANA.

GAËTANA.

Vous le dirais-je si cela n’était pas ?

LE BARON.

Merci. Ah ! j’ai bien pensé à vous durant cet éternel voyage. J’ai souvent tourné la tête en arrière et maudit la longueur du temps et des distances ! Mais c’était pour vous que je vous avais quittée. Vos intérêts étaient en jeu, votre fortune compromise. Cette idée ranimait mon courage. Je suis tombé comme la foudre sur ce « maudit » Américain qui menaçait de vous faire banqueroute. « Et je l’ai secoué ! » Et j’ai sauvé le joli petit argent de ma Gaëtana… Voulez-vous savoir au juste combien vous êtes riche ?

GAËTANA.

À quoi bon ? Nous ne manquerons de rien pour nous-mêmes, et nous aurons de quoi donner aux pauvres. Mon ambition ne va pas plus loin.

LE BARON.

Vous êtes un bon petit ange… l’ange gardien de mon honneur ! Oui, le monde est ainsi fait. L’honneur d’un soldat ne dépend que de son courage ; l’honneur d’un négociant ne dépend que de sa probité ; l’honneur d’un mari dépend de sa femme ! Le mien, ma chère, est dans vos mains ; dans vos petites mains blanches. C’est à vous de le garder intact ; si vous oubliez un instant ce devoir sacré, l’homme le plus honorable de Naples deviendra un barbon ridicule, et ceux qui me saluent jusqu’à terre me montreront au doigt. Morbleu ! j’y ai pensé souvent, tandis que je courais loin de vous. Plus d’une fois, les fantômes bizarres… Mais pardon ! je vous aime, vous m’aimerez aussi, n’est-il pas vrai ?

GAËTANA.

De toutes mes forces.

LE BARON., allant s’asseoir.

Et vous n’aimerez que moi ! Je lis cette douce vérité dans vos grands yeux. Ah ! si j’avais trouvé un de ces damoiseaux de Naples installé dans votre cœur à la place qui m’appartient, je l’aurais tué !