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GAËTANA.

BIRBONE, les regarde en s’éloignant.

Pauvres enfants ! « Ils jouissent de leur reste ! » (Ils s’éloignent ; la foule se disperse lentement, et bientôt Gaëtana et le comte restent seuls en scène.)


Scène IV.

GAËTANA, LE COMTE.
GAËTANA.

N’êtes-vous pas honteux ? Comme vous voilà fait ! Monsieur, le jeu est un vice ; il faudra vous en corriger.

LE COMTE, d’un ton dégagé.

Croyez-vous, madame ? Il me semblait, à moi, que le jeu ne devenait un vice que le jour où il dégénérait en passion. Mais une petite partie innocente comme celle que vous avez interrompue est un exercice très-sain et très-moral.

GAËTANA.

Innocente !… Il y avait des monceaux d’or et de billets sur la table.

LE COMTE, même jeu.

Pas devant moi ; vous en êtes témoin. Je disais donc, madame, que le jeu, pris à petite dose, est très-sain, parce qu’il accélère la circulation du sang, et très-moral, parce qu’il nous apprend à mépriser les richesses.

GAËTANA.

Voilà bien la ferveur des nouveaux convertis ! Il y a huit jours, vous refusiez de toucher une carte. Ces messieurs jouaient presque tous et même assez gros jeu. Vous les appeliez barbares, et vous veniez causer avec nous !

LE COMTE, violemment.

Eh bien, oui ! le jeu est barbare, stupide, funeste ! Et c’est pour ces raisons que je joue depuis huit jours !

GAËTANA.

Quelle mouche vous pique ? Savez-vous que vous m’avez fait peur ?