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GAËTANA.

des francs-maçons, sur l’organisation des carbonari, on trouvera quelques vérités à vous dire. Mais la justice, qui sait tout, ne sait pas lire dans le cœur des jeunes filles. Ces petits êtres délicats, que leurs mères habillent de blanc, sont des abîmes plus profonds, plus insondables et plus mystérieux que le Vésuve. Vous le voyez à l’horizon : c’est une jolie montagne, n’est-il pas vrai ? mais qui peut dire ce qu’elle nous donnera demain ? Peut-être une illumination en feux de Bengale, pour le divertissement de messieurs les Anglais. (Birbone paraît au fond.) Peut-être un torrent de lave brûlante qui dévorera Portici ou Torre del Greco. Peut-être un flot de boue immonde qui salira tout aux environs. Lequel des trois ? Je n’en sais rien, ni le Vésuve non plus. Appliquez ce raisonnement à toutes les vierges de votre connaissance. Soyez persuadé que chacune d’elles porte innocemment dans les plis de sa robe blanche un avenir de bonheur tranquille, ou de passion dévorante ou d’ignominie basse ; mais ne pariez ni pour l’un ni pour l’autre : vous risqueriez trop de vous tromper.

CAPRICANA.

Bravo !


Scène II.

Les Mêmes, BIRBONE.
BIRBONE traverse la scène pour aller à la table de jeu ; il ramasse à terre un ducat que les joueurs ont laissé tomber par mégarde. Au mot Bravo ! il retourne vivement la tête.

Bravo, moi ? ce n’est pas vrai !

MARTINOLI.

Tu as cru qu’on t’appelait, parce qu’on a dit bravo ?

BIRBONE.

Je ne suis pas un bravo. J’ai joué du couteau par amitié, j’en jouerais par vengeance ; pour de l’argent, jamais ! Parce que nous nous sommes rencontrés çà et là dans le monde judiciaire, vous croyez avoir le droit de me compromettre ? Mais, monsieur, je suis un honnête homme aux yeux de la loi… J’ai fait mon temps.