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ACTE PREMIER.

leur crédit. On sait depuis longtemps qu’ils conseillent le mal et ne l’empêchent jamais. Del Grido est très-fort, il a pris le bon parti. En invitant Naples et Castellamare à circuler librement dans sa villa, il se donnait un air de confiance et de générosité, et il enfermait Gaëtana dans une prison de verre : car il n’y a pas de portes mieux gardées que les portes ouvertes, et le seul espion qu’on ne puisse ni tromper ni corrompre s’appelle tout le monde.

CAPRICANA.

Parbleu ! vous m’étonnez ! Del Grido serait jaloux ?

MARTINOLI.

Vous ne savez donc pas l’histoire de son premier mariage ?

CAPRICANA.

Non.

MARTINOLI.

Je n’ai pas le droit de vous la raconter, mais c’est l’histoire d’une rancune féroce.

CAPRICANA.

Mais comment arrangez-vous cette férocité avec la douceur bien connue du bonhomme ?

« MARTINOLI.

« Il est féroce avec douceur, voilà tout.

« CAPRICANA.

« C’est un agneau !

« MARTINOLI.

« Nous avons un animal plus caressant, plus souple, plus moelleux que l’agneau… on l’appelle le tigre.

« CAPRICANA.

« Allons donc !

« MARTINOLI.

« Vous voulez des preuves, n’est-il pas vrai ? » Laissez-moi vous conter une anecdote où l’amour n’entre pour rien. Il y a dix ans, les foulards des Indes étaient encore à la mode. Del Grido en avait reçu douze admirables, un présent de quelque capitaine au long cours. Un beau matin, il sort avec un foulard dans sa