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DE TOUTES LES OPINIONS.

Ce parti pris s’est manifesté non-seulement par les discours de trois ou quatre petites députations, mais par les sifflets, les cris, les hurlements qui ont précédé le lever du rideau, empêché la représentation quatre jours de suite et lassé finalement la patience du directeur et des artistes. Un ouvrage élaboré sinon avec talent, du moins avec soin, a sombré dans une émeute. Un capital, fruit légitime de sept ou huit mois de labeur, a péri sans profit pour personne. Sous l’empire des lois françaises qui interdisent la confiscation, une cabale avouée, insolente et despotique, a dépouillé violemment un travailleur du produit moral et matériel de ses veilles. Et cela, sous prétexte que l’auteur n’appartenait ni au gouvernement quand même, ni à l’opposition à tout prix !

Le public désintéressé et de bonne foi, les bourgeois honnêtes, tranquilles, bienveillants, qui avaient payé leur place pour entendre et juger une œuvre nouvelle, ont été opprimés par une faction criarde. On leur a dit : « Vous n’entendrez point ! vous ne jugerez pas ! — Et pourquoi ? — Parce que tel est notre bon plaisir. »

Je comprends qu’on déteste un auteur dramatique, surtout s’il a osé écrire librement dans les journaux. On peut lui souhaiter tous les fiasco du monde ; on peut sabrer sa pièce dans les feuilletons ; on peut inspirer au public un grand dégoût de l’entendre et faire la solitude autour de lui. Un drame déserté par la