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D’UN AUTEUR SIFFLÉ.

vôtres, car c’est un véritable étudiant de la Comédie, et le plus gai, le plus laborieux de vous tous ! Vous avez sifflé ces gens-là comme des cabotins de banlieue ! Vous leur avez lancé à la face cet outrage sanglant qui a tué, le mois dernier, une pauvre femme appelée Mme Faugeras. Et pourquoi l’avez-vous fait ? Pour suivre quelques meneurs aux mains sales qui écriront peut-être les Mémoires du père Bullier, mais qui ne feront jamais ni un drame, ni une comédie, ni un livre, ni rien !

Je ne suis pas contraire au sifflet, quoique je préfère assurément les formes polies de la critique. J’ai sifflé à ma façon, poliment, un certain nombre d’abus. Mais je ne comprends pas qu’on siffle une pièce avant de l’avoir entendue, et pour le plaisir stérile de se montrer ennemi de l’auteur. Je comprends encore moins qu’on siffle bêtement et sans comprendre les choses. L’un de vous, par exemple, a relevé énergiquement cette phrase : « Les jeunes gens de notre temps ne s’en vont jamais sur un baiser fraternel ! » L’homme qui parlait ainsi sur la scène était un mari jaloux. Sa femme venait de lui dire : « Un jeune homme est amoureux de moi, il souffre, il est parti, il s’est engagé comme soldat dans l’armée de l’indépendance italienne. En lui disant adieu, je lui ai donné un baiser au front, le baiser d’une sœur à son frère. — Alors, ma chère, répond le jaloux, votre amant n’est point parti. Les jeunes gens de notre temps ne s’en vont jamais sur un baiser fraternel ! « Là-dessus, ô jeunes gens, un habitant du parterre s’est écrié : « N’insultez pas la jeunesse ! » Mais cet orateur était-il bien l’un de vous ? Y a-t-il dans les