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M. Victor Hugo, dans un de ses plus beaux livres, analyse les sentiments et les idées d’un condamné à mort. Toutefois, il manque un chapitre à l’ouvrage. Le malheureux qu’on a mis en scène et qui raconte ses impressions lui-même ne peut pas nous dire la fin. Il laisse la curiosité du lecteur à moitié satisfaite ; il nous fait tort de sa dernière émotion ; on voudrait le ressusciter pour entendre de sa bouche ce qu’il a souffert sous le couteau. Les auteurs sifflés survivent généralement à la chute de leurs ouvrages ; vous n’avez pas besoin de les ressusciter pour apprendre d’eux-mêmes ce qu’ils ont senti au bon moment. Êtes-vous désireux d’étudier cette question sur le vif ? Écoutez, c’est le condamné qui raconte, comme dans le beau livre de M. Victor Hugo. La scène se passe le lendemain de l’exécution, je veux dire de la représentation.

« Ne me croyez pas meilleur que je ne suis. J’ai commis le crime. Oui, j’ai fait un drame avec préméditation et sans aucune circonstance atténuante. Rien au monde ne m’y obligeait ; je pouvais rester innocent : il suffisait de me croiser les bras. Je pouvais passer le temps à boire de la bière et à fumer des pipes au fond d’une brasserie, et mériter ainsi l’estime de mes jeunes contem-