Page:About - Gaetana, 1862.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.
146
GAËTANA.


Scène VII.

Les Mêmes, LE BARON, paraissant au fond, pâle et défait. Il entre en scène en faisant un geste de menace ; mais, aux premiers mots de Gaëtana, il faiblit et s’appuie à la balustrade.
GAËTANA, au comte. Elle recule jusqu’au banc où elle tombe.

Mon ami !… ayez pitié de moi ! (Le comte s’agenouille.) Permettez-moi de vivre et de mourir sans reproche. Ma mère, qui ne m’a donné que de beaux exemples, serait trop malheureuse là-haut, si elle me voyait hors de la bonne route ! Moi-même, Gabriel, j’ai pris l’habitude de regarder dans mon miroir la figure d’une femme de bien. (Elle se lève) Le devoir, qui est une loi pour tout le monde, est pour moi quelque chose de plus. C’est l’atmosphère que j’ai respirée dès l’enfance, le milieu où j’ai vécu. Si vous me transportiez hors de là, je croirais que l’air me manque, et bientôt, mon pauvre ami, il n’y aurait plus de Gaëtana ! (Le comte se lève.)

LE COMTE.

Et moi, je vois dans l’avenir une Gaëtana nouvelle !… Non plus timide et languissante et soumise en esclave aux lois « absurdes[1] » de la société ; mais libre, radieuse, marchant d’un pas résolu dans la lumière et dans la joie, et s’éblouissant elle-même par l’éclat de son bonheur et de sa beauté. Viens ! l’univers est à nous ! nous sommes les maîtres de la terre !

GAËTANA, se débattant.

Laisse-moi !

LE COMTE.

Viens !

GAËTANA.

Jamais !

LE COMTE.

Il faudra donc que je t’emporte dans mes bras ?

  1. Coupé par la commission d’examen.