Page:About - Gaetana, 1862.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.
132
GAËTANA.

galères de Naples n’ont rien de mélancolique. On se promène dans la ville, avec un « beau gendarme[1] » à sa suite. A-t-on une course à faire ; on prend une voiture de louage et l’on s’installe commodément sur les coussins, tandis que le « gendarme » grimpe sur le siége du cocher. A-t-on soif ; on se fait servir une glace au café de l’Europe, et le « gendarme » gobe les mouches à la porte. Je vous assure, Excellence, que la chose a son côté plaisant. Du reste, vous en jugerez par vous-même.

LE BARON.

Tu dis ?

BIRBONE, s’avançant.

Je dis que tu en jugeras par toi-même. Car enfin, il m’est permis de te tutoyer. Nous sommes complices.

LE BARON.

Holà ! maraud !

BIRBONE, reculant un peu.

Maraud ? soit. Mais si j’obtiens dix ans pour tentative d’assassinat, ton excellence en aura bien quatre ou cinq pour faux témoignage. Déclaration mensongère devant M. le juge d’instruction ! Déposition calomnieuse en audience publique, sous la foi du serment, devant toute la ville de Naples ! Comprenez-vous maintenant pourquoi j’ai fait le mort pendant près de deux mois ? Je voulais vous laisser le loisir de vous enferrer jusqu’à la garde. C’est fait !

LE BARON.

Je comprends. Combien veux-tu ?

BIRBONE.

Je veux que vous alliez aux galères en qualité de forçat. Je veux, un jour que nous nous promènerons ensemble, la chaîne au pied, sur la route du Pausilippe, vous montrer don Gabriel et madame Gaëtana assis l’un près de l’autre, et la main dans la main, au fond d’une jolie voiture.

  1. Sbire majestueux. Commission d’examen.