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ACTE QUATRIÈME.

LE BARON, se levant.

Ah ! ah ! ah ! vieille bête que je suis !…

GAËTANA.

Le roi lui pardonnera si vous le voulez. Il ne faut plus que votre signature, et je vous la demande à genoux ! Ne me la refusez pas si vous m’aimez, et je consacrerai toute ma vie à vous récompenser d’un tel bienfait. Je ne le reverrai plus. Le roi l’enverra en exil. Je ne serai qu’à vous, je ne penserai qu’à vous, j’oublierai tout ce qui n’est pas vous !

LE BARON.

On n’oublie sincèrement que les morts. (Il déchire le papier.)

GAËTANA, se levant avec fureur.

Mais croyez-vous que tout le monde les oublie ? Croyez-vous que le faux témoin qui a, de propos délibéré, envoyé un innocent à l’échafaud efface un tel souvenir de sa mémoire ? Êtes-vous sûr qu’il vous suffira de penser à autre chose ? On dit, monsieur le baron, que les criminels ont des remords.

LE BARON.

Je n’aurai jamais de remords, parce que je n’ai rien fait que de juste. J’ai parlé devant le tribunal comme je devais parler ; les juges ont achevé l’ouvrage.

GAËTANA.

Essayez donc de me persuader, à moi, qu’il était coupable, et que c’est la vérité qui vous force à le faire mourir !

LE BARON.

Eh bien, non, ce n’est pas dans l’intérêt de la justice que j’ai fait condamner… ce gentilhomme. C’est pour sauver une chose au moins aussi sainte : l’honneur ! Un homme m’offense dans ce qu’il y a de plus délicat, de plus sacré, de plus inviolable. J’avais le droit de le poignarder dans ma maison, la justice n’aurait eu rien à dire. Je pouvais lui casser la tête en duel, sous les yeux de quatre témoins ; le monde m’aurait approuvé. J’aime mieux