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GAËTANA.

LÉONORA.

Si monsieur savait comme madame est souffrante, il ne serait peut-être pas si cruel.

LE BARON.

Je ne suis pas cruel. J’ai pleuré à l’audience, tout le monde l’a vu. J’ai fait mieux encore, j’ai recommandé ce malheureux à l’indulgence du tribunal. (Il s’assied.)

LÉONORA.

Il aurait mieux valu ne pas le dénoncer. Car enfin, c’est votre témoignage qui l’a perdu.

LE BARON.

C’est plutôt le sien, puisqu’il a confessé le crime.

LÉONORA.

Il y en a qui disent qu’il a avoué le crime sans l’avoir commis, et tout cela pour sauver la réputation de madame.

LE BARON, haussant les épaules.

Il me semble que tu t’intéresses beaucoup à ce malfaiteur.

LÉONORA.

Eh ! monsieur, qui ne le plaindrait pas ? mourir à trente-deux ans !

LE BARON.

C’est la moyenne de la vie humaine.

LÉONORA.

Et si bon ! si brave ! si généreux ! On dit que le juge avait les larmes aux yeux en prononçant la sentence.

LE BARON.

C’est ta maîtresse qui t’a conté cela ? Elle en parle souvent, n’est-il pas vrai ?

LÉONORA.

Madame ? Elle ne l’a pas seulement nommé une fois. Depuis trois semaines que la pauvre âme vit renfermée dans son appartement, elle n’a guère causé qu’avec le bon Dieu. Lorsque j’entre chez elle, le matin, je la trouve en prière. Le soir, elle me renvoie pour prier tout à son aise ; je reviens vers minuit pour sa-