Page:About - Causeries, première série.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.
14
CAUSERIES.

Nous avons perdu M. Alaux, grand peintre de perruques et grande perruque de peintre ; excellent homme d’ailleurs. On ne s’inquiétera pas de le remplacer, si ce n’est à l’Institut. Voilà deux places vacantes à l’Académie des Beaux-Arts. La citadelle assiégée par M. de Nieuwerkerke se dépeuple terriblement. Gérome ne saurait manquer d’être élu cette fois : il a plus de talent qu’il ne faut pour assurer sa victoire. Mais il est, si je ne me trompe, au nombre des assiégeants. L’Académie voudra-t-elle introduire un ennemi dans la place ? Si oui, elle s’affaiblit ; si non, elle se discrédite par l’injustice et le ridicule. Qu’elle s’arrange ! les intérêts de cette respectable coterie ne sont pas les miens, ni ceux du public.

Tandis que les bons électeurs de Paris envoyaient au Corps législatif deux culottes de peau démocratiques, les peintres assemblés pour élire le jury de l’exposition repoussaient énergiquement les culottes de peau de la faction académique. La société nationale des Beaux-Arts dirigée par M. Martinet, sous la présidence de Théophile Gautier, a fait passer sa liste comme une lettre à la poste. Vivat ! C’est par l’association que les artistes français relèveront un jour leur dignité et leur fortune et s’affranchiront de tout ce qui les opprime. Il faut mettre dans un même sac le patronage sénile des académies et le patronage insolent des bureaux. Vous êtes les artis-