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Paris et Bordeaux, Tours et Poitiers conservent avec soin l’austérité du bon vieux temps. Le Nord gagne beaucoup d’argent, mais il n’a garde de le jeter par les fenêtres ; l’Est, moins riche, vit d’épargne ; la Bretagne ne songe pas à gaspiller ses écus, et pour cause. On peut admettre en thèse générale que les quatre-vingt-dix-neuf centièmes de la nation ne connaissent le luxe effréné que par les journaux de Paris et le discours de M. Dupin.

Je ne dis pas cela pour atténuer le fléau, mais pour le circonscrire. Établissons d’abord qu’il ne s’agit pas de la santé de trente-sept millions d’hommes, mais d’une plaie morale qui est tombée sur Paris. La province s’en émeut, comme elle s’est émue de la grève des cochers ; mais elle ne s’en croit pas plus directement menacée. Malgré les chemins de fer et la rapidité croissante des communications, il faudra un bon demi-siècle pour que le luxe se propage du cœur aux extrémités, et ce serait bien le diable si, d’ici à cinquante ans, les pères ou les fils n’y trouvaient pas un remède.

La source du mal, où est-elle ?

Nous voyons les… comment dirai-je ? les demoiselles ? soit. Nous voyons les demoiselles jeter l’argent à pleines mains ; nous voyons les mères de famille rivaliser de luxe avec les demoiselles, et les hom-