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fonds. Quelques-uns sont tellement empêtrés de leur science acquise qu’ils ne comprennent même pas le mérite de l’invention.

Un excellent professeur de l’École à qui l’on demandait « Pourquoi ne vous présentez-vous pas à l’Institut ? Claude Bernard a des chances, vous en auriez autant que lui, » répondit naïvement :

« Mais c’est juste. Tout ce que Bernard a fait, je le sais aussi bien que lui, et je sais bien des choses qu’il ne sait pas. »

Cher maître pesez bien cette réponse. Elle met a découvert le défaut de la cuirasse.

J’avoue pourtant que la gymnastique des concours n’a pas mis sur les dents ceux qui ont eu l’esprit d’arriver jeunes, comme Lorain, Fournier, Axenfeld, Luys. Mais neuf professeurs sur dix rappellent ce personnage de vaudeville qui était abruti par la lecture. Ils savent trop ; ils ploient sous le travail d’autrui. Ils ont marché tant et tant sur les routes et les chemins vicinaux de leur empire qu’ils n’ont plus la vigueur nécessaire pour conquérir une bicoque.

J’espère donc, en bon patriote, que les Français ont fait une sottise en jetant la fleur de leur panier dans l’enseignement médical. Ce qui m’enfonce dans cette idée, c’est que parmi les idées nouvelles, les découvertes médicales qui réalisent un progrès