Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moyens de se payer un mari est condamnée par cela seul à une espèce de mutilation morale. Ses instincts d’épouse et de mère, tout ce qu’il y a de meilleur en elle s’atrophie, se dessèche et se brûle ; le corps même dépérit au bout d’un certain temps un être organisé ne se soustrait pas impunément aux lois de la nature. Il n’y a qu’un remède à cette consomption, et il est pire que le mal : la société, qui ne peut rien pour établir honnêtement la jeune fille honnête, la foule aux pieds dès qu’elle immole le devoir à l’instinct. »

Vous pouvez reconnaître à cet échantillon que les théories de mon ami ne sont pas d’un méchant homme.

Jugez de mon étonnement lorsqu’il entre chez moi, ce matin, au retour d’un petit voyage, et me dit en se frottant les mains d’un air guilleret :

« Savez-vous la bonne grève qui vient de se déclarer à Paris ?

— Il n’y a pas de bonne grève.

— Si ! il y en a au moins une ; et c’est celle que j’ai eu le plaisir de constater moi-même.

— Alors, j’y suis. Comme champion du beau sexe, vous prenez fait et cause pour les blanchisseuses de fin ?

— Vous êtes à cent lieues de la question, mon cher. La grève qui fait mon bonheur, c’est…