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Il y a une langue maçonnique : à quoi bon ? Que les conspirateurs parlent entre eux à mots couverts ; que les malfaiteurs aient un argot, qu’un maître et une maîtresse de maison causent en anglais devant leurs domestiques, c’est dans l’ordre. Il s’agit de soustraire un secret petit ou grand, honnête ou criminel, à des oreilles indiscrètes.

Mais la maçonnerie n’est plus une conspiration, et elle n’a jamais été une association criminelle. Mais les profanes ne sont ni les valets, ni même les inférieurs des maçons ; ils sont leurs frères, et l’on n’a rien à leur cacher. Ne voudriez-vous pas que l’univers entier pensât aussi correctement que vous et fût éclairé de la même manière ? Oui, j’en réponds. Alors pourquoi mettez-vous la lumière sous le boisseau ? Le monde est avide de vrai, de juste et de bien : vous êtes-vous associés pour le nourrir ou pour l’affamer ? Lorsque je crois avoir un atome de vérité au bout de ma plume, j’enrage de ne pouvoir y concentrer toute la lumière du soleil, j’accuse le français de n’être pas une langue assez claire, je voudrais que la pensée pût aller toute nue par le monde pour épargner à mes lecteurs la fatigue et l’ennui de la déshabiller.

Que diriez-vous de moi si, tenant l’évidence sous ma main, je l’affublais d’un manteau et d’un masque ? Le symbolisme a eu sa raison d’être ; il était de son temps, mais il a fait son temps. À bas