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maçonnerie contemporaine dans le domaine des arts et des sciences, voire des sciences philosophiques. Il est trop évident que la maçonnerie n’a fait ni un musicien, ni un peintre, ni un sculpteur, ni un mathématicien, ni un philosophe. Elle a reçu Voltaire, et elle s’en fait une gloire, mais elle ne l’a pas créé. On naît artiste ou philosophe, on s’instruit à l’école, on se perfectionne dans la vie ; toutes les loges de l’Europe s’attelleraient ensemble à la besogne, qu’elles ne produiraient pas la cinquième partie d’un Rossini, d’un Ingres ou même d’un M. Cousin.

Il est également démontré que les vérités utiles à l’homme ne sont plus aujourd’hui un objet de monopole. Les prêtres égyptiens pouvaient échelonner les révélations de leur science et mesurer le vrai à petite dose, durant une longue et pénible initiation. Les philosophes grecs étaient forcés de diviser leur doctrine en deux parties, dont l’une se vulgarisait dans la foule et l’autre se réservait pour les adeptes. Les francs-maçons eux-mêmes, avant 89, agissaient prudemment en révélant leurs idées une à une, à mesure que l’initié offrait des garanties plus sérieuses. En 1865, le franc-maçon le plus complet, se fût-il élevé jusqu’au 99e grade dans les ateliers de perfectionnement, ne sait rien qui ne soit imprimé dans les livres et les journaux. L’initiation n’a pu lui donner que des secrets vides, des formu-