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Qu’est-elle donc ?

Une vaste association de bourgeois honnêtes, intelligents et tolérants, qui se rassemblent de temps à autre pour parler de ce qui les unit sans toucher à ce qui les divise. La loge maçonnique, très-utile surtout dans les villes de province, est un petit conservatoire où quelques hommes d’opinions et de religions diverses, vont respirer en commun l’esprit de 89.

On y perd beaucoup de temps, je l’avoue. Les vieux rites, parfaitement inutiles aujourd’hui, prennent une place qui pourrait être consacrée à des discussions utiles. Mais déduction faite des formes surannées et des symbolismes oiseux, il reste un fond sérieux et un enseignement sain. La seule agglomération de citoyens inégaux dans la société civile et qui deviennent égaux tout d’un coup ; le contact de ces juifs, de ces protestants et de ces catholiques qui s’appellent frères ; l’introduction d’un Russe ou d’un Anglais qui se sent et se dit notre concitoyen dès qu’il a franchi le seuil de la loge ; la hauteur des discussions qui planent au-dessus de toute actualité religieuse ou politique ; la modération qui s’impose d’elle-même à tous les orateurs, l’autorité quasi paternelle du président, la cordialité des rapports : voilà ce qui rachète amplement les côtés enfantins du rite.

Je fais bon marché des progrès réalisés par la