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la guerre à la civilisation moderne, elle croirait commettre un infanticide. Elle pouvait s’armer secrètement contre les lois, lorsque les lois n’étaient pas autre chose que le bon plaisir d’un homme ; elle doit et sait les respecter depuis qu’elles expriment la sagesse d’un peuple.

Ces conséquences logiques de la Révolution sont évidentes à tous les yeux ; j’entends aux yeux de tous les hommes qui lisent notre histoire sans déchirer la page qui leur déplaît. Le pape n’en sait rien parce qu’il s’obstine à regarder 89 comme non avenu, et que l’horloge du Vatican retarde de trois quarts de siècle.

Mais s’il est vrai que la maçonnerie ait atteint son but en 1789, pourquoi existe-t-elle encore ? Pourquoi n’a-t-elle pas désarmé après la victoire ? Dans quel intérêt recrute-t-on en France de 10 à 12 000 adhérents chaque année, s’il ne s’agit que d’enfoncer une porte ouverte ? Voilà l’objection des indifférents, qui sont assez nombreux aujourd’hui, je l’avoue. Beaucoup d’esprits sensés ne voient dans les ateliers maçonniques qu’un rendez-vous de bourgeois désœuvrés, un cercle de bons vivants qui se déguisent en conspirateurs pour trinquer et faire bombance. D’autres ayant entendu dire qu’un commis-voyageur en vins s’est fait initier à la loge de Molinchart, s’imaginent que tous les Frères sont des négociants en quête de clientèle, et qu’ils